19 mars, 2020

Confinement et Sport amateur : Quels impacts ?

A l’approche de ce printemps 2020, le monde du sport retient son souffle. L’épidémie qui sévit actuellement dans le monde a un effet immédiat sur le bon déroulement des compétitions sportives. Quelles soient internationales ou nationales, nous assistons à des annulations en cascade. Les championnats de football sont annulés ou les matchs se jouent à huis clos. La NBA a brusquement coupé court à quelques minutes du coup d’envoi de ses matchs. Ouvrant habituellement la saison, le Grand Prix de Formule 1 d’Australie n’aura pas lieu.

De plus, de nombreux sportifs sont mis à l’isolement. Des équipes entières de cyclisme ont passé deux semaines dans leurs chambres d’hôtels en marge de compétition, notamment le Tour des Emirats Arabes Unis. L’Euro de football n’aura lieu qu’en 2021 et l’incertitude plane sur les Jeux Olympiques d’été à Tokyo, événement majeur de la planète sport. L’impact sur le sport professionnel sera sans aucun doute énorme, 2020 restera une année à la fois insolite et dramatique.

Mais qu’en est-il du sport amateur ? A l’heure où, en France, le confinement est demandé, quel impact cette crise du Coronavirus aura-t-elle sur les compétitions, les championnats amateurs ? Quelles seront les conséquences pour les finances de ces sportifs ?

Pour les clubs et associations sportives

Sur le plan sportif, le bilan est simple : toute compétition est suspendue jusqu’à nouvel ordre. Pour les sports collectifs, les entraînements sont proscrits, la consigne est de rester chez soi et de mettre en veille toute activité. Ces directives émanent du Ministère des Sports, reprises par toutes les fédérations : les structures des associations ne doivent plus accueillir leurs licenciés, toutes catégories d’âge confondues.

Roxana Maracineanu, Ministre des Sports, a néanmoins ouvert la porte à de possibles réaménagements qui devront respecter les restrictions mises en place.

« Il y aura une autorisation des activités encadrées avec dix personnes maximum, encadrants compris. Aux clubs de s’organiser pour scinder les groupes », a expliqué la Ministre. Elle précise : « On ne peut pas déroger aux restrictions appliquées au grand public pour les sportifs de haut niveau. Mais si des structures peuvent les accueillir par groupe de dix, on ne va pas les empêcher de s’entraîner. »

En résumé, si les clubs ont la capacité de proposer un aménagement et une nouvelle organisation au niveau des cours ou entraînements, ils pourront maintenir leur activité.

Rapidement, un débat s’est imposé au sein de la planète sport. Doit-on continuer à organiser des rencontres mais à huis clos ? Où est-il préférable de purement et simplement stopper toutes compétitions ? Le débat est maintenant clos mais la polémique s’est rapidement emparée de la toile, car nombreux considèrent que stopper les compétitions est trop risqué pour les clubs et associations, et qu’il est plus à leurs avantages de maintenir à tous prix les matchs et les rencontres.

Pourtant, malgré les idées reçues, l’arrêt des compétitions est une décision saluée par la grande majorité des dirigeants des structures de sport amateur : « La vraie inquiétude pour nous, c’est de savoir si les saisons entamées pourront reprendre ? Si non, sous quelles conditions ? » nous a confié un dirigeant de club.

A la question posée, est-ce qu’il n’aurait pas fallu maintenir les compétitions et faire les matchs à huis clos, sa réponse est claire : « Bien sûr que non ! Faire jouer nos matchs à huis clos, cela revient à signer l’arrêt de mort de notre club. Les charges que représentent pour nous l’organisation d’un match à domicile, telles que la rétribution des officiels de match, la sécurité et l’accueil de nos adversaires sont compensés par les recettes issues de la billetterie. De plus, jouer à huis clos veut dire qu’on doit rembourser nos abonnés par nombre de matchs joués. Tout arrêter était la moins mauvaise des solutions.»

La situation étant évolutive et chaque jour réserve son lot d’annonces, de restrictions, les différents témoignages attestent d’un sentiment d’inquiétude et d’incertitude sur l’avenir mais également de solidarité et d’optimisme.

« Le plus important reste la santé, on sait que ces mesures visent à nous protéger. On va prendre notre mal en patience, regarder des vidéos de belles actions sur Youtube et nous préparer à rejouer quand ce sera le bon moment » nous dit avec le sourire un jeune rugbyman amateur d’Occitanie.

 

Les incidences dans la relation clubs-partenaires

Sur l’aspect économique, les conséquences ne seront quantifiables qu’après la fin de la crise. Mais les premières estimations sont alarmantes.

« Visiblement, la Ligue de football a annoncé que, pour les clubs, pour le report d’une journée de Ligue 1, le manque à gagner serait de 20 millions d’euros. Je vois qu’en NBA le manque à gagner était de 400 millions d’euros pour une suspension de deux semaines. C’est énorme et pourtant on ne parle pour le moment que de matchs reportés, pas annulés. » concède Christophe Lepetit, spécialiste de l’économie du sport au CDES de Limoges, dans un entretien du Parisien du 14 mars 2020.

Les pertes pour les structures professionnelles seront donc significatives, même si certaines auront la trésorerie nécessaire pour y remédier, certaines seront dans le rouge. Ce manque à gagner se répercute sur le monde du sport amateur. Mais également sur les partenaires !

En effet, qui sont les partenaires du sport amateur ? Hormis les collectivités, ce sont des entreprises locales : des PME-TPE pour la grande majorité. Ce ne sont pas de grands groupes côtés au CAC 40, en capacité de supporter cette crise mais de petites structures, dépendantes du tissu économique local.

Sachant que l’activité est réduite au maximum avec la fermeture des établissements scolaires, l’interdiction de rassemblements et l’incitation au confinement, l’impact sur les partenaires de clubs et associations est déjà effectif et va perdurer.

« On a perdu plus de 40% de chiffre d’affaires en dix jours, fait zéro couverts dimanche dernier. On saura aujourd’hui si l’activité continue ou si nous allons tous sur un chômage partiel. » nous dit un responsable d’hôtel-restaurant dans la région de Marseille.

« Tous nos événements sont annulés, plus aucune entreprise ne prévoit de séminaires ou team building.  Nos réservations se sont effondrées en l’espace de deux semaines », nous raconte le maître d’hôtel.

Ces témoignages parmi tant d’autres, démontrent que cette crise du Coronavirus se transforme en crise économique majeure pour toutes les entreprises. L’inquiétude dans le sport amateur est en ce moment sur la fin des saisons sportives. Mais que se passera-t-il la saison prochaine ? Si vos partenaires sont victimes d’une « saison blanche » comme vous, leurs investissements risquent d’être revus à la baisse.

La prochaine crise sera probablement une crise de confiance dans les investissements futurs et le renouvellement des partenariats. En plus d’une baisse des investissements par manque de trésorerie, le risque sera qu’une entreprise suspende ses partenariats ou repense sa stratégie en investissant dans moitié moins de projets sportifs.

Il est important pour les clubs et associations de réfléchir dès maintenant à quoi proposer pour la saison prochaine et à définir de nouvelles offres. L’inaction entraînerait le risque de voir leurs revenus issus du sponsoring se réduire considérablement ou se stopper. Le risque final serait la mise en veille de projets sportifs, de mise à niveau d’infrastructures, voire même la mort de certains clubs.

A l’heure où cet article est écrit, aucun plan de sauvegarde n’est prévu par le gouvernement concernant le sport. Un plan général doit être établi vis-à-vis de l’économie française dans son ensemble, mais sa répartition est encore peu définie et le sport n’a pour le moment pas été évoqué par nos politiques.

 

Les sportifs indépendants

A l’instar des clubs et associations sportives, les autres grandes victimes des mesures mises en place sont les sportifs indépendants.

En effet, beaucoup de sportifs indépendants sont dans la même situation :

  • Suspensions ou annulations de compétitions,
  • Restrictions sur les déplacements,
  • Incertitude quant à l’avenir de leurs partenariats.

La différence majeure est, qu’hormis leurs revenus issus du sponsoring, les sportifs indépendants se financent seuls ! Ils investissent leur propre argent pour financer leur saison sportive. Concrètement, les investissements dans une compétition finalement annulée est une perte sèche, sans possibilité de remboursement. L’inquiétude pour eux est donc encore plus forte.

« Je suis en lice pour participer au half Ironman de Nice en mai. J’ai acheté mon dossard mais, pour le moment, je ne sais pas s’il sera annulé ou non. En gros, je me lève tous les matins me préparer pour une compèt’ qui n’aura peut-être jamais lieu sans savoir si les sous que j’ai mis dedans me seront remboursés en cas de report ou d’annulation… » nous a confié Guillaume, inquiet et frustré par la situation.

Vers qui se tourner actuellement ? Le Ministère ? Sa fédération de tutelle ? Nous vous conseillons de prendre votre mal en patience, de vous tenir informé auprès de votre fédération et des organisateurs des compétitions. La situation évolue de jour en jour, le plus important est de respecter les consignes et d’attendre. Toutefois, à l’image des clubs, l’anticipation sera primordiale pour réussir votre saison prochaine à la fois sur le plan physique et sur le plan financier.

 

Jeux Olympiques reportés : l’enfer des sports confidentiels

EDIT du 25/03 suite au report des JO !

Notre nom « 1896, le sport » renvoie à la date des premiers Jeux Olympiques modernes organisés par le baron Pierre de Coubertin. Il était donc très important pour nous de faire un point de situation sur les Jeux Olympiques initialement prévus à Tokyo du 24 juillet au 9 août 2020.
Le Comité International Olympique annonçait le 23 mars attendre 4 semaines pour se prononcer sur l’annulation, le report ou le maintien des JO. Mais, 48h seulement après leur déclaration, le report a été annoncé.

La menace qui planait sur les Jeux, pesait particulièrement sur les athlètes. Si la planète sport retient son souffle, certaines disciplines vivent et existent grâce aux Jeux Olympiques. De plus, les athlètes olympiques étaient dans une situation d’iniquité terrible : certains sportifs s’entraînaient dans les conditions habituelles quand d’autres vivaient un confinement incompatible avec leur pratique sportive.
Steven da Costa, karatéka qualifié pour les JO a été interrogé par France Télévisions sur l’éventualité d’une annulation des Jeux : « Ce serait un enfer… Un enfer ! Franchement, je ne veux même pas l’imaginer. »

De nombreux sportifs amateurs ne vivent que pour les Jeux. La structure de leur sport n’est pensée que pour cet événement et le retentissement d’une annulation est catastrophique pour eux, leurs efforts et leurs carrières mais aussi, plus globalement, pour l’avenir de leur sport.

« Nous nous organisons en olympiades » explique Ludovic Royé à France Télévisions, directeur technique national de la Fédération française de kayak. « Tout est planifié selon l’objectif des Jeux. Les qualifications olympiques bien sûr, mais aussi les championnats du monde, les entraînements, les stages. Les stratégies individuelles sont certes adaptées à l’athlète mais toujours orientées vers les Jeux. »

Aujourd’hui, les jeux sont fait : le report est annoncé pour l’été 2021 ! « J’ai proposé de les reporter d’environ un an et le président du Comité international olympique [Thomas Bach] a accepté à 100 % », a indiqué le Premier Ministre japonais, Shinzo Abe.
Cette décision est historique puisque seules les guerres mondiales avaient entraîné le report puis l’annulation des Jeux Olympiques.

Interrogé par RMC Sport, certains sportifs comme Teddy Riner, double champion olympique de judo, restent positif et s’engagent à aller encore plus loin !
« Je m’étais préparé pour cet été mais la priorité, ce n’est pas les Jeux olympiques, les sportifs. C’est de rester en vie, d’éradiquer ce virus qui est mortel pour l’humanité, explique Teddy Riner. Un an, ça peut paraître long, mais ça va passer vite. Il faut déjà sortir de cette situation. Quand on aura l’occasion de remettre les bouchées doubles, on les remettra. Forcément, c’est ch… Mais c’est comme ça. Je préfère être encore en vie pour mes enfants, que risquer ma vie et ne plus être là pour eux. »
« Ça me laisse encore plus de temps pour mieux me préparer, ajoute le judoka français. Je ne serai pas le même. Je fais en sorte de travailler tous les jours depuis ma défaite à Paris. Ça n’a pas été un réveil, mais ça m’a permis de changer quelques trucs, quelques détails. Si j’arrive à avoir la médaille d’or, ce sera grâce à tout ça. Peu importe qui sera en face en moi. Il n’y a que la médaille d’or qui compte. »
Si le report est une bonne nouvelle par rapport aux conséquences financières d’une annulation, il est encore trop tôt pour connaitre les nombreux impacts de cette décision sur les clubs. Une seule chose est sûre : la capacité à obtenir des subventions et à trouver des partenaires va être encore plus décisive pour assurer la survie de la pratique sportive !
Nous vous tiendrons au courant des différentes évolutions et nous souhaitons le meilleur pour nos athlètes dans l’aboutissement de leurs saisons et de leurs rêves de réussite.

 

Anticiper le futur pour pérenniser le sport amateur

L’impact pour les clubs, associations sportives et sportifs indépendants est encore non quantifiable. La réalité est que l’inquiétude et l’incertitude dominent sur la reprise des compétitions et le bon déroulement des événement sportifs prévus pour ce printemps 2020.

Tous font aujourd’hui preuve de résilience et de solidarité pour affronter ensemble cette crise, qui, comme toute crise, a un début et aura une fin.

Il est primordial pour tous de se projeter dès maintenant sur la saison suivante et de s’interroger sur comment « relancer la machine sport »et comment retrouver une sérénité et un climat de confiance en tant que club ou association sportive, comme sportif indépendant et même comme partenaire.

1896, le sport reste dans l’attente de toute nouvelle actualité et la partagera avec vous pour vous informer et vous orienter. Le sport est notre raison d’exister, nous avons à cœur de vous aider à vivre votre passion et à concrétiser vos projets sportifs. Nous apportons aujourd’hui tout notre soutien et notre amitié à vous, ceux qui font le sport amateur d’aujourd’hui !

 

Vous n’êtes pas seuls ! Si vous souhaitez vous exprimer, nous faire part de vos commentaires, remarques et réflexions autour de ce sujet qui nous concerne tous, retrouvez-nous ici, sur Facebook, sur Instagram et sur LinkedIn !

 

écrit par Louis Henry

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