Ludovic Lemoine nous a fait le plaisir de nous accorder du temps dans sa préparation. Acteur du monde du sport en France, notre escrimeur handi nous livre les coulisses de sa pratique, pour laquelle il représente fièrement les couleurs de son club et de l’équipe de France dans les grandes compétitions internationales, dont les Jeux Paralympiques. Ludovic Lemoine, c’est un beau palmarès et un des meilleurs escrimeurs handi, mais c’est aussi et surtout un passionné et un super ambassadeur pour le sport amateur en France.
On fait le point avec lui, à quelques mois des Jeux de Tokyo et il nous fait part de ses astuces pour rester motivé et plein d’énergie, malgré la situation inédite que traverse le monde du sport amateur en France.
Il nous explique aussi ce qui a motivé sa décision d’utiliser nos solutions, chez 1896. Nous sommes encore une fois très heureux de mettre à l’honneur un de nos sportifs et fiers de l’aider dans son projet sportif.
Bonjour Ludovic, pouvez-vous nous raconter votre parcours et votre discipline, l’Escrime Handisport ?
Ludovic Lemoine : Je pratique l’Escrime Handisport depuis l’âge de 8 ans, suite à l’amputation de ma jambe droite à l’âge de 6 ans en raison d’un cancer du fémur. Ma famille, qui a toujours cultivé le goût du sport, a rapidement réalisé que ce serait un excellent moyen de surmonter mon handicap. Ayant tout appris sur l’escrime au contact de deux champions paralympiques et de leur Maître d’Armes dans mon premier club à Vannes, j’ai progressé de façon assez rapide malgré mon jeune âge avant d’intégrer l’équipe de France à l’âge de 17 ans. Trois ans plus tard, en 2006, j’ai choisi l’Auvergne et Clermont-Ferrand comme terre d’accueil pour poursuivre à la fois mes études et ma carrière internationale. Je suis aujourd’hui licencié au Stade Clermontois.
Vous avez depuis engrangé un très beau palmarès !
Ludovic Lemoine : Oui j’ai la chance d’avoir été médaillé aux Jeux de Londres 2012 en gagnant l’argent avec l’équipe de fleuret ainsi que le bronze à Rio en 2016, toujours par équipe. J’ai également remporté plusieurs médailles lors des championnats du monde, championnats d’Europe, coupes du monde, ainsi que dix titres de champion de France.
Cela ne se pratique qu’en fauteuil ?
Ludovic Lemoine : Mis à part une exception pour l’escrime aveugle, oui. Peu importe le degré ou type de handicap, tous les concurrents sont en fauteuil. Les escrimeurs sont répartis en trois catégories, en fonction de leur handicap, pour ma part je suis en catégorie A, c’est à dire les escrimeurs qui ont le plus de facilité de déplacement sur le fauteuil. A la différence des escrimeurs valides, qui doivent allier technique de main et puissance dans les déplacements de jambes, la faible distance de combat en escrime handisport nous amène à travailler particulièrement la technique de main. En complément, notre préparation physique est concentrée sur le haut du corps, car tous les muscles au-dessus de la ceinture sont sollicités. Cela apporte une vraie complémentarité et un partage de connaissances entres athlètes valides et handi.
On intervient notamment auprès des Pôles Jeunes, où des valides intègrent des séances en fauteuil, où on les met directement à la faute. Cela leur permet d’avoir une préparation beaucoup plus complète et d’être impeccable en techniques de main.
De plus, un athlète valide qui récupère d’une blessure peut continuer à s’entraîner et à garder son niveau en participant à nos entraînements. Il y a une vraie relation gagnant-gagnant entre toutes les composantes de l’escrime.
Le niveau international a explosé ces quinze dernières années, avec une homogénéité dans les compétitions entre une vingtaine de pays, dont certains escrimeurs handis professionnels, il faut être bien préparé.

Crédit photo: France Paralympique
Y a-t-il des escrimeurs professionnels en France ?
Ludovic Lemoine : Non, nous sommes tous amateurs, ou semi-professionnels. Je travaille chez LCL, et je bénéficie d’une convention de mécénat qui me permet d’être détaché une grande partie de mon temps de travail pour l’escrime, en vue des Jeux Paralympiques de Tokyo. Cette convention me permet de réaliser les entraînements, les stages de préparation, et les compétitions.
Quel est le budget nécessaire pour votre activité sportive?
Ludovic Lemoine : Hors période de Covid, entre les déplacements, la préparation physique et le renouvellement de matériel, cela coûte dans les 20 000 euros.
A côté de cela, il peut y avoir des investissements plus lourds à faire périodiquement. Par exemple, acheter un fauteuil de compétition coûte environ 4 000 euros, parfois plus. Mais c’est ensuite du matériel qui tient plusieurs années.
A quelques mois des Jeux de Tokyo, où en est votre préparation et comment vous êtes vous adapté face à cette crise du Covid ?
Ludovic Lemoine : En l’état, avant le premier confinement, nous en étions arrivés à 90% du parcours de sélection. Il reste aujourd’hui deux épreuves de qualification pour les Jeux, qui devraient théoriquement se dérouler en mai. On l’espère car rien n’est moins sûr à l’heure actuelle et il est possible que ces épreuves soient annulées. Si c’était le cas, nous ne savons pas comment les sélections seraient établies. A l’heure actuelle, je n’ai aucune idée si je serai du voyage pour les Jeux ou non.
Le plus important pour le moment, c’est prendre du recul face à une situation qu’on ne maîtrise pas. Au niveau de ma préparation, j’ai la chance d’avoir pu continuer à m’entraîner au printemps en installant une piste dans mon garage et d’avoir remis le sport au cœur de mes priorités. L’année qui a suivi Rio fut personnellement très difficile et j’avais besoin de m’éloigner de l’escrime. J’y suis ensuite vraiment revenu au début du parcours de qualification pour Tokyo, mais il faut du temps pour retrouver ses pleines sensations.
La crise du Covid m’a donc permis de profiter de l’arrêt des compétitions pour travailler dans cette voie. J’ai pu dégager de cette période de crise quelque chose de positif, et je me sens vraiment confiant pour performer lorsque les compétitions reprendront.
Si vous aviez un message à transmettre aux sportifs qui vont vous lire, ce serait quoi ?
Ludovic Lemoine : Continuez à bouger, garder un niveau physique minimum régulier. Meilleure sera votre condition et plus facile sera la reprise des compétitions.
Le plus important, c’est de garder un état d’esprit positif. Même si ce n’est pas simple tous les jours, il faut penser à se changer les idées. Moi j’ai décidé de ne pas regarder les infos en boucle, pour éviter de prendre une bonne dose d’anxiété, je préfère me réfugier dans des films, de la lecture et essayer de prendre un maximum de recul face à tout ça.

Crédit photo: France Paralympique
Qu’est-ce qui a motivé votre décision de vous servir des solutions 1896 ?
Ludovic Lemoine : Trouver des financements est forcément indispensable, surtout avec le niveau d’investissement que demande ma discipline. Mais surtout, je suis plutôt bon communiquant à l’écrit et je fais cette démarche depuis longtemps de transmettre mes résultats à mes partenaires, aux gens qui me soutiennent. En revanche, obtenir des rendus et visuels de qualité, professionnels, je ne le maîtrise pas, et ça m’aurait pris un temps fou, alors que mon temps à y consacrer était très faible.
Entre mon travail, la vie de famille et la gestion de mes plannings d’entraînements, de déplacements pour les compétitions, difficile de jongler. Entre les Jeux de Londres et Rio, j’ai été nommé capitaine de l’équipe de France d’escrime handisport et j’ai décidé de créer une page Facebook, d’animer autour de nous et ça aussi cela me prenait du temps.
Avec 1896, ce temps là je peux le consacrer à mon sport, à ma préparation ou à tout autre chose. Cela apporte à ma communication du contenu de qualité et pro. Cela a du sens en temps normal mais également en ce moment. En communiquant aujourd’hui, les gens, nos partenaires, voient que le sport n’est pas mort et que les sportifs se bougent, sont actifs et continuent à faire vivre leurs passions.
Nous serions heureux de pouvoir échanger avec vous sur votre parcours, votre projet sportif. Faites nous part de vos ambitions pour la reprise des compétitions et dites-nous comment on peut vous aider. Cliquez sur » NOUS CONTACTER « .
écrit par Louis Henry